Compte-rendu de la rencontre du 10 décembre 2016

QUEL AVENIR POUR LA JEUNESSE ?

Rencontre du 10 décembre 2016 | Liège AUBERGE SIMENON

Invitées : avec Liliane Baudart (aide à la jeunesse), Vincent Fanara (Jeunes FGTB) et Romain Di Nunzio (Fédération des Etudiants Francophones).


Notre Gauche pour accorder un place aux jeunes, la réduction du temps de travail est une priorité.

Quel avenir pour la jeunesse ? Notre Gauche a ouvert un espace de débat et de propositions sur ce thème. Quelque 80 participants, de tous âges et régions, en discutent, ce samedi 10 décembre

Accès aux études, flexibilité, mesures d’activation, pénurie d’emploi, nouvelles technologies,… Les jeunes sont les otages d’un monde où pauvres sont de plus en plus pauvres, les riches de plus en plus riches. La société est plus que jamais campée sur des positions qui privent les jeunes d’un avenir professionnel tout autant que de leurs capacités d’agir. Un enfant sur cinq vit au-dessous du seuil de pauvreté et il y a de plus en plus de jeunes entre 15 et 29 ans qui sont marginalisés. Dépourvus de formation, sans emploi, sans une quelconque perspective d’avenir, ils sont toujours à charge de leur famille à un âge avancé quand ils ne sont pas à la rue. Les dispositifs d’insertion de ces jeunes qui ont décroché, s’ils existent, fonctionnent dans le désordre, sans coordination et sont, dès lors, sans effet. Outre le morcèlement des politiques et des actions, on note que, parfois, des moyens ont été dégagés (UE) mais qu’ils sont inexploitables car inadaptés aux réalités du terrain.

L’ascenseur social est en panne avec, en arrière plan, un discours élitiste qui met à mal les principes élémentaires du fonctionnement de notre société, qui prône l’individualisme à tout prix et la réussite, qui pointe effrontément du doigt de soi-disant « bons à rien ».  La Suédoise a frappé très fort en supprimant l’allocation d’insertion pour plusieurs catégories de bénéficiaires : un jeune sans diplôme s’en voit privé jusqu’à l’âge de 21 ans, tandis qu’un jeune qualifié de plus de 25 ans n’y a plus droit. «Activez-vous au plus vite » : le message politique sous-jacent est culpabilisant, démotivant et contradictoire à plusieurs égards. Dans les fait, l’offre d’emploi, a fortiori pour les moins qualifiés, a été réduite par d’autres mesures et circonstances : prolongation de la durée des carrières, suppression de postes dans le secteur public, dérégulation, …

De plus, il ne suffit plus d’avoir un diplôme pour trouver un bon job. Lorsque une offre paraît, elle requiert une foule de compétences, de la polyvalence, de la mobilité, une expérience déjà acquise. Lorsque emploi il y a, il est souvent précaire, intérimaire, sous-payé et le job offert au jeune exige une flexibilité plus grande encore que celle qui s’impose, avec la Loi Peters, à tous les salariés.

On peut parler d’asservissement : le jeune est instrumentalisé, dévalorisé et considéré comme un objet sans valeur : « Comment trouver un logement sans emploi et sans revenus stables ? Toutes les locations  exigent somme importante en caution ? Comment acquérir de l’expérience si on ne trouve pas d’emploi ? Comment s’arrimer au monde du travail, avec des CDD ou intérims semés de périodes d’inactivité ? », énumère un intervenant. Pour le jeune, le cercle vicieux se ferme sans issue puisque le travail reste le principal vecteur de reconnaissance sociale.

La discrimination s’effectue dès l’école, offrant des chances de s’en sortir d’abord à ceux qui sont, au départ, les moins démunis. L’école vise de plus en plus à formater les étudiants aux exigences du marché et ce formatage conduit à des impasses. L’enseignement se réfère aux valeurs de la méritocratie. Il laisse de moins en moins de temps aux jeunes pour leur permettre de s’épanouir et se être actif en dehors du cadre scolaire. L’hyperchoix en matière de formations est factice dès le moment où il n’y a pas, parallèlement,  de politique d’information et d’orientation quant aux études et aux métiers. De plus, les études ne préparent pas au parcours du combattant qui est promis au jeune diplômé sur le marché du travail.

Une année d’études supérieures, toutes dépenses comprises, coûte entre 8000 et 10000 euros. Ce n’est pas à la portée de tous et, s’il existe des bourses, leurs conditions d’octroi ont été revues. Elles tiennent compte, à présent, du revenu total de tous les cohabitants, en ce compris les frères et les soeurs, eux aussi souvent en situation précaire. L’accès aux études se restreint : le numerus clausus est d’application en médecine. A quand dans d’autres filières ? L’instauration du numerus clausus en médecine est symptomatique. La pénurie de médecins dans certaines régions n’étant pas une chimère, il compromet l’accès aux soins pour tous dans l’avenir.  Une fois encore, on s’en prend aux plus jeunes.

On a l’impression que tout un faisceau de mesures anti-jeunes se mettent en place et convergent vers l’exclusion et la stigmatisation. Il est temps de mettre  sur la table des projets permettant aux jeunes de relever la tête : favoriser leur accès au logement et réduire le temps de travail afin de redistribuer l’emploi figurent parmi les pistes à explorer. D’autres mesures sont également citées, comme une « allocation jeune » et un service citoyen en réponse au décrochage, sans compter les projets collectifs et citoyens auxquels les membres de Notre Gauche pourraient s’atteler. En toile de fond, se dessine forcément la question de la répartition des richesses qui est centrale dans les choix ou actions que nous souhaitons mettre en place.

En janvier, Notre Gauche interpellera divers mandataires sur les propositions émises.